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The path is a geographical passage and a link between art and PAN residencies places. The path draws a map of those « translucide places » where nomadic thinkings (ways of life or spirits) wander in this achipelago. The path experiences human relations and self-reliance in different scales : the responsability, the autonomy, the connexion with the context. Traveling through the path, you become a vessel of the PAN communication platform, your ciculation makes the forum and the links be active.

The path is a way to practice the links, by foot, bicycle or every way of circulation.

You can find « PAN shelters » between 2 places to stay for a night.

Section #1 : PAF > LES SEMELLES

PAN Path : Le Chemin du Performing Arts Network : Mise en liens de lieux artistiques travaillant l’articulation « arts and self-reliance.

– 17 au 19 août 2019 – Dominique Leroy et Marina Pirot, nous tentons une première jonction à pieds entre PAF (Perfoming Arts Forum) à Saint-Erme et «Les Semelles» à Charleville Mézière.

- 16 août au soir : repérage du GR 12 qui suit bien l’axe général à emprunter, il nous faudra le quitter au niveau de Neuville-lès-This (Warcq ou Prix-lès-Mézières) pour rejoindre la Vallée de la Meuse via les routes départementales. Nous esquissons un schéma sur papier vert à mettre en poche, comme sécurité d’orientation. Le schéma dessine : Rejoindre Amifontaine, traverser le village, continuer le chemin qui voisine La Malmaison et Lor sur notre gauche (ce sera l’Est) mais sans les traverser, ensuite arrivée à Saint-Fergeux, on indique par une flèche « rue de la Chapelle » comme une bifurcation à ne pas manquer sans doute, un repère marqué comme une astuce. Puis le village de Son sera sur notre gauche. Attention une branche du GR 122 nous sera probablement proposée, nous serons bien vigilants à ne surtout pas nous y aventurer. Il nous faudra traverser Hauteville, puis Justine, Wasigny et La Neuville-lès-Wasigny, puis Lalobbe et Signy L’abbaye. C’est ici que nous devrons emprunter la départementale D2 direction, Thin-le-Moutier, Warby, Neuville-les-This, ce qui nous conduira à la vallée de la Meuse. Il suffira alors de longer la rivière jusqu’à Charleville-Mézière. Easy ! « Les Semelles » seront toujours direction Nord-Est, comme tout le périple, on se sent fin prêts! Direction Nord-Est.

- 17 août : le petit déjeuner fort sympathique est aussi un au-revoir, on décolle doucement - il est déjà 11 h passés - non sans échapper à la photo « historique » du départ de cette inauguration d’expédition : photographe Lucas danLucas. Le porche de PAF passé, Lucas s’étonne que nous partions dans ce sens, mais nous rejoignons le GR repéré la veille grâce à une randonnée improvisée par Félix et Marion, les traits rouges et blancs nous avaient fait signe. Lucas sème cependant un doute qui se réveillera dans quelques kilomètres. Nous reconnaissons les superbes chemins forestiers de la veille. Lianes, et collection de champignons. Pause au 1er village pour boire un peu d’eau, forêts superbes, passages, trouées dans les bois humides jusqu’aux champs plus ouverts. Le doute surgit ici, nous somme bien sur le GR, mais est-ce la bonne direction ? Les téléphones encore bien chargés, la boussole nous réoriente, non sans heurt, nous n’avons pas relevé le nom du village traversé, une appli me précise que notre chemin aurait du traverser Saint-Thomas, nous connaissons ce village depuis hier, la rando improvisée. Demi-tour un peu douloureux, la pluie naissante participe à nous assommer. Avant Saint-Thomas nous cherchons notre erreur : une bifurcation peu visible nous a conduit à un autre GR. Reprenons, direction Amifontaine comme prévu, cet égarement ne saurait nous reprendre. A noter donc : avant Saint-Thomas, ne pas prendre à droite mais bien sur la gauche traverser le village de Saint-Thomas. Petite pause sous un hangar à la sortie du village pour changement de chaussettes, la pluie continue. Arrêt pique-nique à Goudelancourt-lès-Berrieux, sous un arrêt d’autobus : fabrication de gilets sacs-poubelles comme boucliers anti-pluie. Recharge de la gourde au centre équestre près de l’église. NB : une machine à café est en self service au centre équestre, prévoir 45 centimes d’euros. Café chaud dans l’entrée sympathique du centre équestre accueillant. Reprise du GR depuis le village, beau chemin jusqu’à Amifontaine, que nous rejoignons comme notre victoire du jour, ce 1er nom indiqué sur notre carte verte de secours devait être un point de départ…Nous traversons les grands champs, où affleurent des ballons de baudruche installés par duo bicolores comme des épouvantails éphémères. Il semble que les usines de silos céréaliers que dominent les bois de Saint-Erme ne nous quittent pas, que nous tournions autour…Nous apercevons des biches galopant dans les grands champs. L’appli nous propose de traverser les parcelles pour rejoindre un chemin, nous avons de nouveau perdu le GR. Pas de marquage, plus d’indication. Soudain, un nuage agile d’étourneaux danse en haut de la colline comme un cadeau. Un petit bois à notre gauche pourra être un bon abri pour la nuit, protecteur de la pluie. Le bois s’avère être un repère de chasseurs, pièges dispersés, camion rouillé sous cadenas, cabane de chasse très haute faite de structures de pylônes électriques recyclés, pigeons en plastiques comme autant d’appâts, câbles tendus, cages métalliques préparées, ce bois sent la mort animale et l’acharnement carnassier humain. Nous installons la tente à l’orée Est du bois. Dom tente un feu avec des branches humides, une palette qu’il lamine, une bougie et la cire d’une autre infiltrée dans des branchages sèchent doucement au-dessus de la bougie-départ du foyer. Grand succès ! Un beau feu réconfortant devient un bon séchoir de chaussettes et autres fringues imprégnées d’eau. Petites tartines grillées et fromage, lors d’une accalmie. Puis, un moment de grand luxe : allongés dans notre tente, nos pieds sèchent à la chaleur des flammes, quand quelques gouttes s’échouent en constellations aléatoires sur le dessus des pieds et orteils, doucement. Merveille. Endormissement réussi, ronflements de quelques biches durant la nuit, et pluie battante pendant plusieurs heures.

-18 août : un répit de bon matin, nous permet de démonter le campement mouillé. Nous repartons à travers champs rejoindre le chemin aperçu la veille. Les chaussures collent au champs. Leur blé ramassé, bettraves bien poussées. Des immenses parcelles de fleurs bleues. Nous nous éloignons enfin des silos de céréales. Vérification via l’appli : nous rejoignons en fait une départementale, brève hallucination de lignes rouges et blanches sur un poteau, le GR ne se rattrape sans doute pas ici mais la direction est bonne ! Avec un peu de chance un petit bistrot nous attend peut être pour un café chaud de bon matin, enfin il est presque midi. La pluie a cessé. Lor, le village. Nous le traversons, sans un café, pas un chat non plus, quelques poules, en fait un élevage de poulets, seule activité croisée. Nous retrouvons la route départementale. Pluie. Une voiture nous conduit en stop, jusqu’au village suivant : le Thour, 20 minutes sans pluie de gagnées, se dit-on. Pas de café non plus, arrêt biscuits au 1er abri bus, vérification de la direction en arrêtant un camion. Une envie d’autoroute me saisit, Dom me reprend, la pluie cesse, nous traversons le Thour et regagnons la campagne, les champs toujours ouverts, pelés par les cultures deviennent progressivement odorants… Des terre-pleins étranges marquent leurs entrées. L’un d’eux est le dépôt d’un tas de compost noir étiqueté, nous lisons : « boues d’épuration »…L’odeur en devient plus tenace et nous tiendra un bon moment. Mais le paysage ouvert nous embarque, quelques bois abritent les animaux, qui galopent à travers champ, sans doute avant la reprise prochaine de la chasse. Nous arrivons à Thour, le spot prévu pour notre 1ère nuitée selon notre carte manuelle verte, notre retard s’avale doucement. Arrivée à « le Thour », pique-nique près de l’église où on découvre un point d’eau. NB : À « le Thour »: ne pas prendre à droite. Nous avons suivi le GR de droite, magnifique, qui nous conduit au village suivant, Villiers-devant-le-Thour. Très beau chemin mais ce GR à droite est un embranchement autre que le GR 12, à éviter donc. L’orientation est Sud. Les champs de fleurs mauves longés depuis ce matin sont de la Luzerne, un panneau au bord d’un champs arbore : Luzerne « fort et vert ». Au village de Villiers, on nous précise : « faites demi-tour le GR 12 est en fait à emprunter au bout du village de Thour, à 4 km ». Nous comprenons que nous avons commencé une boucle. Une voiture nous reconduit au point de départ de notre pique-nique du jour ; des gâteaux sur les genoux, la passagère nous précise que la 1ère boulangerie est à plusieurs km. Tout a fermé ici il y a plusieurs années maintenant. Nous reprenons notre quête du GR 12 : le village traversé, une fermière rencontrée, un Mr avec 2 chiens, connaisseur du GR qui nous voit rôder, hésitant, nous précise : au prochain terre-plein, ne pas prendre à gauche mais continuer tout droit c’est le GR, enfin à droite à cet embranchement qui sera sans indication. Ici, les gens sont plus précis que les marquages effacés des chemins. Le GR est superbe. Traversée de grand champs supports d’éoliennes quasi innombrables, parcelles de blés tondus, de bettraves propres, de luzernes quasi sans fleurs, et de petits pois sortant de terre sans même une adventice. Le chemin s’enfonce dans des champs ouverts grandioses. Un petit bois sur une colline nous appelle pour la nuit. La vue est prometteuse. Un nouveau feu passera certainement inaperçu ici. L’odeur de boue semble moins prégnante, mais les chaussures foulant les bords des champs pour un passage jusqu’au bois s’alourdissent d’une terre boueuse, sorte de glue collante…Mes envies d’autoroute sont cependant dissipées. Bon feu et nouveaux petits grillés, tartinés de terrine de maquereau. Un autre moment de luxe du soir : allongés dans notre campement, les pieds chauffés par le brasier, la porte de la tente accrochée comme un rideau de petit théâtre, 2 faons sautillent un moment, en plein jeu derrière notre feu.

- 19 août : Au petit matin, les dernières branches fument encore dans les cendres. Nous reprenons le chemin, grands champs ouverts, nickels, une voiture au loin, 2 personnes entrent dans un champs de bettraves sacs blancs à la main, nous réalisons que c’est le seul champ parsemé d’ombellifères, rumex et autres adventices. Le glyphosate total foliaire doit pénétrer les hectares de terre de ces contrées. Le duo sillonne le champ, à la recherche de quoi? La femme se baisse elle est maintenant trop loin pour que l’on devine si elle cueille une bettrave trop grosse ou une espèce de plante gênante qui proliférerait trop vite. Nous poursuivons le chemin jusqu’à une départementale, le paysage toujours plus puant nous incite à faire du stop, et surtout, il s’agit de se ravitailler en eau. Un agriculteur à la bonne cinquantaine, camionnette, chien fou et remorque quasi vide nous raconte ; il se raconte en agriculteur local. Il cherche de l’eau avec nous, nous conduit jusqu’au village plus loin pour remplir la gourde, puis nous mène jusqu’à un autre endroit pour rejoindre facilement Rethel, la jonction la plus facile pour rejoindre la direction de Charleville-Mézières. Les villages de son enfance ont perdu écoles et bistrots. Ses filles sont la dernière génération d’enfants scolarisés, parties étudier, elles ne reviendront pas, peut-être l’une d’elle pour reprendre la ferme mais il est inquiet, la situation agricole est très difficile. Il nous raconte, les prix au quintal, le blé, l’Europe qui a établit des quotas pour les bettraves puis les a retiré, incitant les agriculteurs à en produire de nouveau en grande quantité, mais les prix ont chuté et les agriculteurs sont maintenant piégés avec leur champs de betteraves. Ça ne vaut plus rien depuis quelques années, les betteraves. Il nous raconte les pièges, dus aux investissements colossaux, il connaît l’agriculture sur sol vivant, c’est intéressant, mais il nous faut continuer comme ça maintenant, on est partis comme ça, on continue jusqu’au bout, on n’a pas le choix, on a tellement investi, et le matériel n’est pas adapté pour travailler autrement, mais ça ne pourra pas tenir. Il a 120 hectares, une saison avec un gros déficit, il la passe, une mais pas deux. Le suicide est présent dans son entourage. Ce sont les intermédiaires qui se servent, pas même les coopératives qui sont elles aussi tributaires des décisions autocratiques. Il a une prime de stockage pour blé et maïs, et doit livrer son blé à une période qu’on lui définit, dans une station de livraison éloignée, en tracteur on fait 3000 km dans l’année et à 7 km/h dans les côtes, on embête tout le monde. On est défrayé pour le transport mais on perd 2 jours complets à chaque fois. Pour le maïs, c’est à 24 km, toutes les stations intermédiaires ont été supprimées. On est au bout de la chaîne, nous, les agriculteurs, on produit parfois à perte, on regarde le cours, la bourse pour vendre, mais nos prix de vente varient en quelques mois selon les productions d’Ukraine, et de Russie. On perd facilement 20 000 euros sur une production avec les charges etc, ça arrive, mais avec la mondialisation, le blé à 200 euros le quintal par exemple a baissé à 120 euros l’an dernier à cette époque. Il a fallu rattraper ça avec la culture de maïs heureusement bonne cette année-là. Beaucoup de collègues font des emprunts à court terme auprès des banques, qu’ils renouvellent mais au bout d’un temps, la banque ne fait pas de cadeau. Et encore, nous on n’est pas malheureux, j’ai un chien, c’est du luxe, nourrir cet animal, les producteurs de bovins par exemple ne peuvent même pas nourrir leur bêtes parfois, le foin et la paille sont trop chers. Oui, il faudrait tout revoir, mais là on est obligé de continuer comme ça. Je reviens de la coopérative, elle reprenais tous mes sacs d’engrais vides mais ils ne valent plus rien depuis quelques jours, ils partaient en Chine, mais la Chine ne veut plus être la poubelle du monde. C’est à la télé en 2008, que j’ai vu que les marchés s’effondraient, je n’ai pas pensé au blé tout de suite, c’était trop tard, je n’avais pas vendu les jours d’avant, j’ai perdu gros cette année là. Notre conducteur nous dépose à un embranchement direct pour rejoindre Rethel, droit devant. Un papi nous prend dans sa camionnette 3 places : les auto-stoppeurs, il y a des malades, non je ne suis jamais tombé sur quelqun comme ça mais il y a plein d’histoires qu’on entend. Plus jeune, j’en ai fait beaucoup, alors je vous ai pris, vous m’avez paru des personnes normales, mais on ne sait jamais. Plus jeune j’ai voyagé en vélo avec mes enfants jusqu’au Sud de la France par les départementales, on ne découvre pas le pays pareil sur les petites routes. Ce papi aux yeux transparents nous laisse à Rethel où un café sera ouvert pas loin de la route pour auto-stopper. La café est bien difficile à avaler, on s’en doutait un peu, et pas très lacté pour un crème. Le conducteur suivant sera surfeur, un 4×4 pick up pour ses virées dans le Sud-Ouest. Mais c’est l’Indonésie qu’il préfère, il surfe et y achète du bois de forêts primaires pour un business avec des jardineries françaises, même plus besoin de sculpter, le bois parle de lui-même, il suffit de bien nettoyer, de le révéler. Il nous dépose à une station d’autoroute, aire de covoiturage où trône un sanglier géant. Pas même une prise électrique en fonctionnement pour recharger nos batteries, un dernier message part à Laurent pour le prévenir que nous serons « aux Semelles » dans la soirée. Ultime conducteur : un gars du village voisin, le dernier à être né au village et qui compte bien y finir ses jours. Il a environ notre âge, a fait tout un tas de travail, bâti 4 maisons de A à Z et se retrouve avec son garçon en garde à la maison. Il a du arrêter et s’est inscrit récemment dans une boîte d’Interim mais a été prévenu, « je ne vous appellerai pas vous n’avez pas de diplôme ». C’est comme ça aujourd’hui. Les champs ici, ah oui les agriculteurs ils polluent sacrément. On leur donne de l’argent pour replanter des haies maintenant, il y a quelques temps, on leur en donnait pour les enlever. Oui ça doit changer, et ça change mais doucement. Un ami hollandais a un champ de légumes bio, il ne les vend pas, il les donne ! On oublie ça aujourd’hui, la générosité, donner…Oui ça va reprendre, les petites fermes, les bars et écoles de villages. Peut-être en parallèle les gros pollueurs se mettront-ils à produire du bio carburant ? Ah, ça…

Arrivée à Charleville et rapidement aux « Semelles ».

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